Je mets ce mardi le 20° billet de Pierre Escorsac qui fut diffusé sur les ondes de "Radio Coteaux". Vous auriez pu l’écouter en Pocast par internet sur le site "Radio Coteaux" à la rubrique" c'est déjà lundi" "Radio Coteaux" 104,5 et 97,7!
Je pense que ce billet va vous inspirer quelques réactions que vous ne manquerez pas de placer ici en commentaire. Ce propos reste toujours d’actualité!
Je remercie ce journaliste qui m’a aimablement autorisé à le diffuser sur mon blog.
Je me demande comment je dois illustrer ces propos?
Je vais rechercher des cloches c’est évident!
Il vous faudra attendre jeudi pour être en mesure, si cela vous intéresse, pour découvrir une partie de ma collection de clochettes sur mon autre blog : http://gabray31.eklablog.com/
C’est en hommage à « Herbe », la vache « sonnante » d'Adrien...
Vous vous souvenez des « Trois cloches » ? Oui, les « Trois cloches », cette dramaturgie en 3 actes chantée jadis par Edith Piaf et les Compagnons de la chanson. C'étaient trois cloches qui ponctuaient la vie de Jean-François Nicot. Elles sonnaient pour sa naissance, pour son mariage et pour sa mort. En 3 sonneries était ainsi résumée l'existence terrestre d'un homme. C'est dire combien l'accompagnement des cloches compte pour nous.
Pas seulement sur le plan religieux, même si les cloches des églises sont les plus nombreuses et les plus en vue. Il y a aussi les cloches laïques, celles des beffrois du Nord et des horloges du Midi. Les cloches de Don Camillo et celles de Peppone, qui ne donnent pas forcément la même heure, selon que l'on soit conservateur ou progressiste !
Il y a les cloches de l'école qui sonnent la rentrée et la récré : « Donne-moi ta main et prends la mienne, la cloche a sonné » chantait Sheila.
Il y a les cloches de Pâques qui partent à Rome pendant trois jours et les cloches en chocolat que les enfants dénichent dans leurs cachettes.
Il y a les cloches qui sonnent les joies et les peines. Les bons et les mauvais jours. Le tocsin qui annonce la guerre, la joyeuse volée qui célèbre la paix.
Dans les campagnes, à la montagne, les clochettes (comme celle d'Herbe, la savoyarde d'Adrien), les sonnailles, les clarines, accrochées au cou des vaches permettent de localiser les troupeaux. Dans les vallées, sur les sommets, ce sont des points de repère. Elles avertissent le berger dans leur langage universel.
Parfois, elles peuvent prendre la forme d'authentiques œuvres d'art, comme les « suberjouets », ces petits objets en forme de pagode, que les laboureurs fixaient autrefois, pour faite joli, sur les jougs des paires de bœufs.
Ces « suberjouets », on peut encore les voir au musée campanaire de L'Isle-Jourdain, entre la « Merlussienne » qui sonnait le vendredi le jour de la morue et la cloche de la Bastille rescapée de la Révolution.
La cloche est, naturellement, un élément précieux du patrimoine : Jacquemart pittoresque de Lavaur, carillon superbe de Bruges. Elle guide le visiteur et rythme ses promenades.
Et puis, la cloche peut être subtile, nuancée dans ses sonorités. Tout juste le contraire de l'uniformité, de la monotonie. Elle nous apprend à percevoir les différences : « Qui n'entend qu'une cloche n'entend qu'un son ». Elle nous apprend à nous méfier de ce qui paraît trop lisse, trop évident, trop simple.
La cloche haut perchée, porteuse de tous les messages d'ici-bas, nous invite à nous élever.
Son tintement nous tire par le haut.
Et ce n'est pas tout.
La cloche a prêté son nom à plein d'expressions, de formules passées dans le langage courant, de jeux de mots et de bons mots. J'en cite quelques uns : se faire sonner les cloches, à cloche-pied, il y a quelque chose qui cloche, chapeau cloche, fée clochette, cloche à fromage, à la cloche de bois, clochemerle, la cloche du sot est vite sonnée, ou encore... mais comme tu es cloche !
Il y a aussi la cloche du poète ; par exemple celle de Guillaume Apollinaire qui fait écho sous le pont Mirabeau : « Vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont, je demeure »
En écoutant la cloche d'Herbe, la vache d'Adrien l'autre jour, dans son pâturage de Lalanne-Arqué, je pensais à cette belle phrase de Bertolt Brech, l'auteur de l'Opéra de quat'sous : « Qu'il serait doux le son des cloches s'il n'y avait, parmi les Hommes, tant de mal ».
Et je me disais : « Qu'il serait encore plus doux, le son des cloches, s'il n'y avait, parmi les hommes, que du bien ».