C'est le jour de l'histoire du mois !
J'espère qu'elle va vous distraire agréablement
un petit moment.
Je vous souhaite bonne lecture.
La statue Gertrude
J’aime me promener en bord de mer, quand le temps est beau. C'est vrai . J’évite de sortir avec la pluie, car j'ai nullement envie de m'équiper d'un parapluie ou d'un imperméable ! Sauf par nécessité, car dans ce cas je dois utiliser un équipement approprié à cette situation que je n'aime pas . Je choisis toujours le bon moment, et j’évite également la foule pour jouir d'une bonne tranquillité durant ma petite sortie. Je ne souhaite pas me faire bousculer par les gens étourdis ou distraits qui vous heurtent en vous croisant.
Un matin, comme je le fais souvent pour me dégourdir les jambes, je me dirigeais paisiblement vers la mer. Je commençais une balade qui me semblait, comme toutes les fois, agréable et fort utile. Je dois aussi vous dire que j’avais l’habitude de passer devant une belle et grande sculpture placée à un bel endroit de la ville par le conseil municipal dans le but d'orner ce lieu. L'objectif étant d'attirer la bienveillance des passants et obtenir un vote favorable lors des futures élections municipales.
Parfois j'accordais un bref regard aux lampadaires que le Maire de la ville avait fait disposer à cet endroit pour assurer aux citoyens nocturnes une vue satisfaisante durant les nuits obscures, ce qui devait assurer un sentiment réel de sécurité.
Je marquais, à cet endroit précis, toujours un petit arrêt, pour l’admirer et aussi avoir le plaisir d’entendre les musiques des vagues qui venaient rouler le sable fin de la plage. Mes yeux se posaient sur ce paysage marin que j’admirais en observant les bleus changeants du ciel et de la mer qui sans cesse variaient d’un jour à l’autre et même durant les heures des journées. Mais ce jour là je fus saisi de stupeur. Je devrais dire d'étonnement !
- Bonjour mon ami, tu es fâché avec moi aujourd’hui, tu ne m’accordes pas un petit regard admiratif ? Ne cherche pas qui te parle, c’est moi Gertrude la belle et incomparable statue plantée là, qui hélas ne peut pas se mouvoir comme toi. Je suis condamnée à orner ce coin de la promenade. Tu as de la chance de pouvoir te déplacer, moi je suis clouée ici définitivement !
- Mais que m'arrive-il ? C’est pas possible ! Voila que je rêve tout éveillé, j’ai pas dû bien dormir la nuit dernière, et je suis, tout en marchant, en train de la terminer. Décidément je ne suis pas dans ma meilleure forme. Je regarde autour de moi, je dois me rendre à l'évidente réalité de cette situation : personne ! Je suis seul face à cette statue de pierre inerte. C’est pas croyable, j’entends des voix comme Jeanne d’Arc ! Sans y prendre garde aurai-je changé de dimension, aurai-je quitté cette terre pour aller dans un monde parallèle ? Je ne délire pourtant pas, j'ai bien mes deux pieds sur cette bonne terre.
- Tu es sourd ? Tu ne t’es pas lavé correctement tes deux oreilles ce matin en te levant ? Sans doute tu poursuis en marchant ta sieste matinale. Tu ne m’as pas dis un aimable bonjour, et tu passes sans même me jeter un petit regard amical, comme si j’étais un être sans importance qui ne mérite pas d’être salué Tu vois que j’existe que je suis planté là pour l’éternité comme objet décoratif ! Tu constates, je l'espère que je suis plus que cela !
Ce n'est pas possible, encore cette voix qui m’interpelle ! Alors j’observe devant, derrière moi, et même à droite et à gauche , mais je dois me rends à l’évidence, il n’y a personne . Je suis seul ! Je tourne autour, scrute les plantes et les arbres pouvant dissimuler le petit plaisantin qui veut me jouer un vilain tour et me faire croire que les belles statues de pierre parlent et sont capables de m’adresser un tel discours !
Ce matin, moi qui croyait que comme d’habitude tout allait pour le mieux, tout semble bien étrange et me pose un vrai problème de compréhension. J’ai dû mal me réveiller et je suis incapable de résoudre ce problème qui se pose à moi en ce moment. J’allais repartir et poursuivre ma petite balade quand une voix plus dure plus persuasive raisonna à mes oreilles .
- Arrête de chercher, c’est moi Gertrude, la statue qui t’adresse la parole, et qui te salue, mais hélas je ne peux pas bouger car sans cela j’aurai heurté ton épaule de ma main qui est toujours bloqué contre mon corps qui reste devant toi inerte. Mais tu vois je peux te raconter ma vie. J’espère que tu as un petit moment à m’accorder. J’aimerais bien que tu deviennes mon ami. Mous avons tous besoin d’un compagnon dans la vie. Moi je suis toute seule, et ne dis pas que c'est pas vrai, certes des gens multiples et variés me trouvent belle à regarder, semblent m'admirer mais en réalité ne m'aiment pas !
Je me frotte les yeux et les oreilles et je m’assois sur le banc qui est disposé tout à coté, je respire calmement, je vais je pense sortir de ce cauchemar. Quelle matinée peu ordinaire, je suis bouleversé par cette situation inédite ! Je crois bien que je suis dragué par une statue de pierre qui parle, mais c'est impossible ! Et voila que le discours continue :
- Tu es un peu long à comprendre mon jeune ami, tu t’étonnes et je vois aussi que je te fatigue avec mon bavardage que tu juges futile. Sache que c’est un grand sculpteur qui m’a donné cette forme que je trouve un peu ridicule, car je crois ne pas être très jolie, car les gens qui passent ne disent pas « Ho la belle dame que voila ! » Il a négligé mon maquillage et il a oublié de me mettre de beaux habits. Enfin il faut s’accepter comme on est et ne pas vouloir être autrement et pleurer sur son état toute sa vie! J'ai accepté cet état et je ne vais pas me lamenter en vainc toute ma pauvre existence de Gertrude !
Je cesse de chercher, je fais face à cette forme de pierre qui semble me parler et qui ne bouge pas. Je ne peux pas y croire, car c’est un phénomène surnaturel cela dépasse mon imagination. Je ne veux pas y croire ! Que feriez vous placé dans cette situation que l'on peut qualifier : absurde ?
- Si tu es sage et si tu es un peu serviable tu vas peut être faire une démarche à la Mairie de cette ville à ma place, car c’est pour moi impossible, fixée là, je ne peux pas me rendre dans le bureau du Maire pour lui adresser une nécessaire protestation . Inutile je pense de te dire que cette action ne peut donc avoir lieu . Mais toi qui m'aimes je pense un peu, que tu pourras bien le faire à ma place, si tu n'as pas comme je le crois un cœur de pierre. Tu iras lui expliquer que cette place ne convient pas à la statue Gertrude. Je sais bien que mon nom n'est ni moderne ni agréable aux oreilles des gens. Je sais qu'il est ridicule et désuet dans la tête de la grande majorité des passants. Toi, tu ne t'es jamais moqué de mon nom ! Je pense aussi que tu as constaté que je suis mal placée ici. Je voudrais voir la mer, et pour cela il faudrait que mon piédestal soit plus haut et que je sois mieux orienté vers la grande bleue ce qui me permettrait enfin de voir les belles vagues qui viennent rouler les grains du sable fin de la plage . J’aurais ainsi le plaisir d’admirer les maillots de bain et surtout tous les adeptes qui passent leur temps allongé face au soleil ! Est-il possible de compter sur toi ?
- Je veux bien, mais quand je vais dire cela au Maire, il va me prendre pour un fou échappé de l’asile. Il va me faire enfermer, si je lui dis que c’est une statue ornementale installé sur la promenade de la plage qui m’envoie faire une telle requête ! Dans le meilleur des cas il va rire, dire que je suis un plaisantin, venu dans son bureau pour lui faire perdre un temps précieux qu’il consacre aux affaires urgentes et fort sérieuses de la ville.
Vous auriez fait quoi à ma place ? Enfin il faut bien une fin à ce délire ! Disons pour le moment « cric et crac le conte est fini ! »