Mon sumac, cet arbre discret et généreux, s’apprête à offrir l’un de ses plus beaux spectacles. Chaque année, à l’approche de l’automne, il se pare de couleurs flamboyantes, comme pour célébrer la fin d’un cycle avant l’hiver. Ses feuilles, encore vertes et vibrantes il y a quelques semaines, s’embrasent peu à peu sous les caresses du soleil déclinant. Le jaune pâle, presque timide, s’installe d’abord, puis s’enhardit en un orange éclatant, avant de s’enflammer en un rouge profond, presque pourpre, qui semble irradier de l’intérieur.
Ce coin de mon espace vert, autrefois modeste, devient alors un foyer de lumière. Les rayons du matin, plus doux et plus obliques, glissent entre les branches et allument des reflets changeants sur le feuillage, comme une toile vivante que la nature aurait peinte pour moi seul. Les jours de vent léger, les feuilles s’agitent en murmurant, et leur danse fait scintiller les couleurs, transformant l’arbre en une lanterne naturelle.
Je m’arrête souvent pour l’observer, fasciné par cette métamorphose. C’est un moment de grâce, où le temps semble suspendu. Les autres plantes du jardin, les cyclamens qui commencent à pointer leurs têtes roses ou violettes, les dernières fleurs des vivaces, composent avec lui une palette harmonieuse, comme si chaque élément avait attendu ce signal pour s’épanouir à son tour.
Bientôt, les feuilles tomberont, formant un tapis crissant sous les pas. Mais pour l’instant, je profite de ce spectacle éphémère, de cette explosion de couleurs qui me rappelle que la beauté se cache souvent dans les cycles les plus simples. Mon sumac, avec sa flamboyance automnale, est bien plus qu’un arbre : c’est un poète silencieux, un artiste qui renouvelle chaque année son chef-d’œuvre, juste pour le plaisir des yeux et du cœur.

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