Si les botanistes les appellent asters, moi, je les surnomme affectueusement « les vendangeuses ». Ce nom me vient de leur floraison généreuse, qui coïncide avec le temps des vendanges, quand les jours commencent à se teinter de mélancolie et de douceur. Dès le début septembre, elles déploient leurs pétales délicats, comme une fête discrète au cœur de l’été qui s’efface. Et cette année encore, en ce mois d’octobre, elles sont là, fidèlement épanouies, résistant aux premières fraîcheurs avec une élégance tenace.
Il y a plusieurs années, lors d’une balade en lisière de bois, j’avais repéré ces petites fleurs d'un bleu pale presque mauve, sauvages et fragiles à la fois. J’en avais prélevé quelques pieds, avec la crainte qu’elles ne s’acclimatent pas à mon jardin. Pourtant, elles ont prospéré, comme si le sol et le climat leur avaient murmuré une promesse d’accueil.
Aujourd’hui, elles forment des touffes vigoureuses, leurs tiges fines se balançant au gré du vent, et leurs fleurs, semblables à des confettis éparpillés, illuminent les massifs d’une lumière discrète mais persistante.
Chaque matin, je les observe : les abeilles, les papillons et même quelques syrphes s’y pressent, attirés par leur nectar. Leurs allers-retours infatigables créent une animation presque musicale, un bourdonnement doux qui berce les après-midis d’automne.
Parfois, je m’approche pour mieux les admirer, et je me surprends à sourire en voyant ces insectes, affairés et gourmands, qui semblent célébrer la fin de la belle saison.
Ces asters, plus que des fleurs, sont devenues des complices. Elles me rappellent que la nature est une artiste patiente, capable de transformer un simple coin de terre en un tableau vivant, changeant au fil des semaines.
Et quand je les photographie, c’est toujours avec le même émerveillement : celui de saisir, dans un cliché, la grâce éphémère d’une saison qui se prépare à céder la place à l’hiver, mais pas sans avoir offert, au préalable, ses plus belles couleurs.

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