Dès les premiers frissons de l’automne, alors que la lumière se fait plus dorée et que les journées raccourcissent, mes crocus aux pétales d’un jaune éclatant s’éveillent avec une vitalité inattendue. Ils percent la terre, timides d’abord, puis s’épanouissent en touffes généreuses, comme pour défier la morosité naissante de la saison.
Leurs fleurs, d’un jaune vif presque lumineux, semblent capturer les derniers rayons du soleil et les refléter sur le sol encore tiède. Elles transforment quelques coins discrets de mon jardin en véritables îlots de chaleur et de joie, comme des éclats de rire posés sur un tapis de feuilles mortes.
Cette couleur chaude, entre l’or pâle et le soufre, a quelque chose de magique : elle attire les abeilles tardives, qui bourdonnent autour des corolles ouvertes, et elle attire aussi mon regard, chaque matin, comme une promesse de douceur dans le changement.
Les crocus, modestes mais tenaces, rappellent que la nature sait se parer de beauté même quand tout semble s’endormir. Leurs teintes contrastent avec les tons rouilles des feuilles et les verts profonds des buissons, créant une palette qui évoque les tableaux des peintres impressionnistes. Je me surprends souvent à m’arrêter, appareil photo en main, pour saisir ces instants éphémères où la lumière caresse leurs pétales délicats.
Et puis, il y a ce parfum subtil, presque imperceptible, qui se mêle à l’air frais du matin. Il me rappelle les promenades d’autrefois, quand je découvrais, enfant, les premières fleurs sauvages au détour d’un chemin. Aujourd’hui, c’est mon jardin qui m’offre ce spectacle, année après année, comme un rendez-vous secret entre la terre et moi. Ces crocus, plus que des fleurs, sont des messagers : ils annoncent que l’automne, loin d’être une fin, est une saison de renaissance et de surprises.

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