C'est également aujourd'hui que je vous propose de lire cette « belle histoire » qui a été écrite par le père Raymond d'un de mes plus anciens amis pour son petit fils. Je remercie Gérard pour son aimable coopération à ce blog ! Pour ce jour je ne donne pas d'autres indications, je pense qu'elles viendront plus tard.
Le ballon de foot
J'ai omis (et cela m'est revenu) que quelques années plus tôt, je devais avoir 9 ou 10 ans, avec les copains, une quinzaine dont mes trois fidèles, nous avons, comme les grands, fondé un club de foot, essentiellement pour jouer avec un vrai ballon de cuir, avec lacet et vessie. L'enveloppe était de cuir et comportait une ouverture munie de trous dans lesquels on passait un lacet de cuir qui servait à fermer l'ensemble quand la vessie était gonflée à l'intérieur. Celle-ci était plate, pliée et se gonflait par un bout de caoutchouc plus dur qu'on appelait la cheminée. Il y fallait une pompe spéciale, un passe-lacet et j'avais hérité de ce matériel à la mort de mon frère. Le club n'ayant pas osé demander à mes parents de lui rendre le matériel, chaussures, bas, flottant, maillot etc. Le Président offrit à mes parents peu de mois après la mort de mon frère un agrandissement de la photo de l'équipe de foot. Cette photo doit se trouver quelque part dans le débarras au grenier, mais où ?
J'étais donc le secrétaire-trésorier du club. J'avais découvert un vieux carnet de la Prévoyante et les pages blanches me servirent à inscrire le nom des adhérents et les cotisations versées. C'était de 1 à 2 sous, on pouvait évidemment verser davantage, mais nous n'étions pas riches, mais malheur à celui qui ne payant pas son écot de la semaine, aurait été vu chez Louise la marchande attitrée de bonbons, gâteaux, jouets du village. Il devait payer double et s'il refusait ou récidivait, il était exclu. Mais cela ne s'est pas produit. Nous étions mordus du football et nous le voulions, notre vrai ballon en cuir et nous l'eûmes. Je ne sais combien il fallut de mois de discussions, certains voulaient un «Michelin», un ballon en caoutchouc sans vessie et qui valait 30f. Mais la majorité (qui eut gain de cause) opta pour un vrai ballon de cuir avec vessie comme celui avec lequel jouait la «Première» de l'USM1. Nous eûmes enfin les 80f nécessaires et un beau jeudi, tous ceux du Club libres, vinrent avec moi (le trésorier) à Pézénas (et à pied bien sûr) chez la vieille grand-mère qui tenait une boutique de jouets et accessoires sportifs à l'enseigne du «Bon petit diable», rue Conti. Elle nous connaissait car la plupart d'entre nous y étions venus avec la maman et quand nous demandâmes vouloir acheter un ballon de foot de 80f, elle fut plutôt sceptique. Il fallut lui expliquer en long et en large l'existence de notre Club et aussi que nous avions l'argent nécessaire à l'achat. Elle nous fit confiance et rit de bon cœur quand je versais sur le comptoir toute la «ferraille» de sous que je gardais précieusement depuis des mois, dans un sac de toile que ma sœur, qui était dans la confidence, avait fabriqué. Il fallut compter toutes ces pièces de 1 sou (5 centimes), 2 sous (10 centimes) et 5 sous (25 centimes). Je la revois encore cette petite vieille avec ses cheveux blancs et qui riait, riait en comptant cette menue monnaie. D'ailleurs, elle n'en prit qu'une partie, prétextant qu'il y en avait trop, mais je suis sûr qu'elle a voulu nous faire un cadeau.
Et nous voilà repartis tout fiers avec notre beau ballon que nous portions à tour de rôle et pas question d'en jouer. C’était réservé au dimanche après-midi quand le Club serait au complet et nous allâmes l'étrenner dans une lande (un harmas) aux Argelliers2, que nous appelions le champ des frères car c'est là que venaient jouer les élèves de l'école catholique.
Mais quand mes parents virent ce ballon tout neuf à la maison (c'est moi qui en avais la garde), il fallut tout expliquer et si ma mère me crut, mon père lui ne comprenait pas que des gamins (dont son fils) aient pu amasser sou à sou tant d'argent. Il se renseigna et dut se rendre à l'évidence, c'était bien vrai et tout le village sut par la grand-mère du «Bon petit diable» que nous avions patiemment et sou à sou, pu amasser les 80f nécessaires à l'achat du ballon, ballon qui eut une courte vie car il n’avait pas la flemme !
Tous les jeudis et chaque dimanche et aussi à midi au plan de la gare et il en a pris des coups de pied et plutôt mal soigné. Nous ne le graissions pas. Parfois il était trop gonflé, parfois pas assez et il finit glorieusement en pleine partie. Nous jouions ce jour-là au champ des frères, c'était en juin, il faisait très chaud, il était sûrement trop gonflé (et avec la chaleur !) et il fut frappé en même temps, par deux joueurs de camp opposé et la vieille enveloppe n'y résista pas. Il explosa, l'enveloppe déchirée et la vessie éclatée, irréparable. Nous eûmes beaucoup de peine, mais mes efforts pour recommencer le Club furent vains.
Tout de même, pour des mômes de dix ans, ce fut une belle aventure.
1U.S.M. : club fondé en 1920 où mon frère jouait arrière gauche.
2Tènement situé au Sud de l'Ensigaud, proche du village.
Hélas ! J'ai un petit problème car la photo du ballon de foot n'a pas voulu passer pour illustrer cette histoire. Je vais étudier le problème pour le résoudre.
J'ai choisi des photos de fleurs qui poussent sur les surfaces herbeuses en ce moment!
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La photo comme moyen de communiquer ...
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