Je mets ce mardi le 13° billet de Pierre Escorsac qui fut diffusé sur les ondes de "Radio Coteaux". Vous auriez pu l’écouter en Pocast par internet sur le site "Radio Coteaux" à la rubrique" c'est déjà lundi" "Radio Coteaux" 104,5 et 97,7!
Je pense que ce billet va vous inspirer quelques réactions que vous ne manquerez pas de placer ici en commentaire. Ce propos reste toujours d’actualité!
Je remercie ce journaliste qui m’a aimablement autorisé à le diffuser sur mon blog. Je me demande comment je dois l’illustrer ces propos? Après réflexion j’ai retenu ces quelques photos de fruits : les kakis !
Comme la langue d'Esope, l'arme alimentaire peut être la meilleure et la pire des choses.
C'est une arme à double tranchant, selon qu'elle est entre des mains bienveillantes ou dans les mains sales d'empoisonneurs sans scrupules. L'arme alimentaire est assurément la meilleure des choses, dans la mesure où elle est vitale. C'est elle qui nourrit le monde et c'est elle qui garantit la survie de notre espèce depuis la nuit des temps. C'est tout un potentiel qui nourrit les circuits commerciaux, qui crée des richesses, fonde les échanges, favorise le développement, émancipe l'humanité.
Mais à l'opposé de cette image idyllique, l'arme alimentaire peut devenir la pire des choses si ses vertus sont dévoyées, si sa vocation est détournée, si son objet est disqualifié. C'est ainsi qu'éclatent les scandales alimentaires, ces bombes à retardement qui surviennent longtemps après le début des mauvaises pratiques qui ont échappé à tous les contrôles.
Ainsi en va-t-il du scandale de l'oxyde d'éthylène qui vient d'exploser au grand jour et à la face du monde. De quoi s'agit-il ? Des centaines de produits de grande consommation ont été rappelés ces dernières semaines, soupçonnés de recéler une substance cancerigène à haute dose.
Des lots de glaces, de sucre en poudre, de fromages, de gâteaux, de conserves de thon ont été mis hors circuit en urgence. Ces poduits infestés, en provenance d'Inde ou de Turquie, contiennent des graines de sésame, de caroube pour les glaces, vendus comme « bio » par dessus le marché.
Les contrôles effectués en France et en Europe ont révélé des teneurs en oxyde d'éthylène 3500 fois plus élevées que la « limite maximale de résidus », cette fameuse LMR sur laquelle le phytothérapeute Maurice Mességué se montrait vigilant et intransigeant.
Pour vous donner un avant-goût, de la nocivité de l'oxyde d'éthylène, voici quelques propriétés de ce poison. C'est un gaz incolore et inflammable commercialisé comme agent stérilisateur dans l'agro-alimentaire, désinfectant pour éviter les moisissures. Il est utilisé sans dommage dans le secteur pharmaceutique et la stérilisation du matériel chirurgical .
Par contre, s'il est ingéré il est très toxique pour l'homme et l'animal. Il peut provoquer des affections du poumon, des cancers et même des mutations génétiques. On s'en servait pour produire du gaz moutarde. C'est tout dire !
Voilà donc un produit qui devrait être banni de tout circuit alimentaire. Et bien oui, c'est le cas. En théorie, ce produit chimique est interdit dans l'Union Européenne comme pesticide depuis 1991 et en tant que produit de protection des denrées alimentaires depuis 2011. Pis, depuis 1994, l'Agence de recherche sur le cancer a classé ce produit chimique dangereux dans le Groupe 1, un classement confirmé en 2008.
Question subsidiaire : alors comment se fait-il que ce poison persiste encore dans le contenu de certains aliments de consommation courante ? Et bien, malgré tous les contrôles mis en place, principalement dans les pays européens, il y a du déchet, il y a des produits infestés qui passent entre les mailles du filet, au grand dam de l'industrie agro-alimentaire trompée par des fournisseurs peu scrupuleux. Le sénateur Laurent Duplomb, auteur du premier rapport d'information sur les retraits et rappels d'aliments, explique dans une interview à « La Dépêche du Midi », que nous sommes paradoxalement victimes de la transparence des contrôles. En effet, en indiquant nous-mêmes ce que l'on contrôle, les tricheurs, les pousse au crime alimentaire, sont mis au courant de ce qui n'est pas contôlé. Un comble ! Dès lors, ils en profitent pour transférer leurs substances toxiques de conservation vers d'autres produits...
Alors, comment combattre ces empoisonneurs de nos assiettes ? D'abord en identifiant avec précision l'origine du sésame et de la caroube importés. Ensuite en multipliant les contrôles sanitaires, en créant une task force de l'anti-poison, en agissant dans la discrétion pour plus d'efficacité. Enfin, en appliquant pleinement une réglementation édictée depuis 20 ans en la matière.
J'ajoute que les responsables de tromperies sur la marchandise aussi graves, devraient être condamnés à de très fortes amendes dont le produit serait reversé à la recherche médicale.
Enfin, l'occasion est ici trop belle pour inciter les consommateurs à consommer local, à préférer les circuits courts aux transports au long cours. A préférer les produits du terroir à ceux qui sont susceptibles d'avoir transité par des lieux de stockage pourris et mafieux.
Oui à « l'Ice Cream », non à « l'Ice Crime » !